Du 10 au 18 Avril 2013
Repos à Coroico !
Nous faisons la grâce mat’ à l’hôtel Bicentenario (60Bs la double, super accueil) et nous profitons de la splendide vue sur la jungle qui s’offre à nous depuis la grande baie vitrée de notre chambre. Nous partons faire un tour dans cette petite ville décrite comme « un paradis éco touristique », comme le souligne le panneau à l’entrée. Le village est perché à 1750m d’altitude à mi-chemin entre les Andes et l’Amazonie et bénéficie de toutes les qualités d’une région tropicale sans les inconvénients. Nous découvrons une bourgade charmante avec de vieilles maisons et des rues pavées en pentes. L’endroit est très calme, voir même désertique, nous rencontrons peu d’animation au marché ou à la gare routière, la vase a même envahit la plupart des piscines des hôtels classes. Nous en profitons pour essayer de remettre le site sur pied, ce qui n’est pas gagné ici, la connexion internet date probablement d’un autre siècle. Du coup, nous nous consacrons pleinement à notre objectif premier : se reposer ! Nous réservons nos « billets » de bus pour le lendemain pour partir à Rurrenabaque avec l’agence Turbus Totaï (95Bs, pour 12 à 15h de voyage…).
Vue depuis notre chambre chez Gladys.
Ce matin, nous nous rendons au terminal des bus pour récupérer les vrais « billets » avec des informations supplémentaires, c’est-à-dire, le nom du chauffeur, la marque et la couleur du bus… Vers 13h nous prenons une navette à 5Bs qui nous dépose 20 minutes plus tard au pied de la montagne à Yolosita. C’est à ce carrefour que nous devons sauter dans le bus en provenance de La Paz. Nous attendrons 5h dans la poussière et les gaz d’échappement à regarder passer les bus en quête du notre, en vain. Nous nous battons également avec ces minuscules mouches oranges qui mordent et laissent des piqûres insupportables -comme les sandflies de Nouvelle-Zélande. Peut avant la tombée de la nuit nous décidons de retourner à la case départ à Coroico, le voyage pour la jungle ne sera pas pour aujourd’hui ! Nous retournons donc à notre précédent hôtel où « mamie Gladys » est ravie de nous voir revenir et de pouvoir discuter avec nous !
La Route de La Mort…
Le lendemain matin, à la première heure, nous nous rendons à nouveau au terminal des bus pour porter réclamation… Pas besoin de s’énerver, ils ont l’air d’avoir l’habitude, ils nous redonnent des billets pour le jour même, à la même heure, places 39 – 40 (tout au fond)… super, ça va être la guerre ! Nous n’aurons malgré tout ni explications, ni excuses mais insistons -lourdement- pour que le bus passe bien nous prendre. Nous prenons ensuite le petit déjeuner des champions au marché : café, chocolat, riz, œuf frit et une côtelette ! Ensuite, rebelote, on redescend à Yolosita et on attend jusqu’à 16h30 que notre bus passe et nous fasse embarquer à la volée sans s’arrêter… Une fois de plus, nous sommes les deux seuls gringos au milieu d’un bus plein à craquer. Dès les premières minutes nous sentons que le voyage ne va pas être de tout repos : nous sommes boulégués dans tous les sens et décollons régulièrement de nos sièges à la moindre secousse. Nous sommes partis pour en baver… et merde. Pour couronner le tout, nous sommes encore tombés sur un chauffeur Fangio, qui double dans des endroits pas possibles et qui semble oublier le précipice de plusieurs centaines de mètres qui borde la route, heu… piste. Re-merde. 4h plus tard nous soufflons un peu lors de l’arrêt pipi-bouffe de 15 minutes à Caranavi et c’est reparti pour un tour. Nous espérons que la piste s’arrange au fil des kilomètres,
nous en sommes presque à prier la Pachamama, mais il en est nenni ! Il fait nuit, la pluie s’est mise à tomber, la piste devient un vrai champ de bataille boueux et ne fait que descendre dangereusement. Au beau milieu de la nuit, tout bascule, surtout le bus… En voulant passer un obstacle sur une portion délicate, il s’embourbe dans la boue et s’incline méchamment. Puis nous entendons les locaux crier « Tout le monde à la droite du bus ! », suivit de « Ouvrez les fenêtres !»… Notre intuition nous dit que ce n’est pas bon signe. Des gens commencent à sauter du bus par la porte, nous commençons à envisager la possibilité de sauter par la fenêtre, mais le bus fait 4m de haut… ça pue. Au final, nous sautons par la porte, dans 30cm de boue et sous la pluie, pour regarder le bus manœuvrer à vide. Après plusieurs minutes de galère il s’en sort sans se renverser et nous remontons -peu confiants- dans la machine infernale. Nous n’avons plus trop de notion de l’heure, mais nous avons l’impression que cela fait une éternité que nous sommes là dedans. Nous avançons peu et devons parfois attendre l’aide d’une pelleteuse pour dégager la route. Le bus s’arrête au milieu de nulle part, éteint tout, nous nous endormons à ce moment là. Nous ne savons pas bien si le chauffeur avait besoin d’une pause ou si la route était bloquée, mais en tout cas cela nous a fait du bien de fermer les yeux et de relâcher un peu la tension. Quelques temps plus tard, nous repartons de plus belle ; il pleut toujours ; la piste est toujours pourrie ; la progression est toujours très lente. Nous arrivons enfin dans un village dans la plaine pour le petit déjeuner, nous soufflons un peu. Beaucoup de passagers descendent ici, cela nous permet de trouver de meilleures places dans le bus et de dormir un peu pour le reste du périple. Finalement, nous arrivons à destination après 22h30 de trajet (pour 190km, soit 8,5km/h ?!), exténués ! La Route de la Mort porte bien son nom. Cette fois on est vacciné, au retour c’est décidé, on prend l’avion !
La machine infernale !
Rurrenabaque : Aux Portes de la Jungle Amazonienne
Nous partons sous des trombes d’eau chercher une auberge. Manon et Pierre (de l’expédition Huayana Potosi) nous avaient recommandé Los Tucanes de Rurre, mais pas de chance c’est complet, nous nous rabattons sur l’hôtel Yossi (70Bs la double, très propre) qui fera bien l’affaire pour cette nuit. Nous ressortons manger un bout vite fait au marché, puis rentrons prendre une bonne douche et nous reposer, la visite des environs attendra demain… rideau !
Nous nous levons avec un beau ciel bleu, ça fait plaisir, la chance tourne. Après un bon petit dèj au marché à base d’empañadas au fromage (pastel) et de soso de yuca (sorte de gâteau de manioc frit) faits à la minute, nous partons faire la tournée des agences pour notre prochaine excursion dans la jungle. Nous en passons 5 en revue. Les prestations semblent quasi-similaires -même si certaines agences se disent spécialisées ou éco-touristiques…- mais les prix passent du simple au triple. Nous posons quelques questions, creusons un peu pour savoir ce qui justifierait une telle différence de prix, apparemment rien ! Nous nous engageons avec l’agence Amazonico -qui travaille avec Fluvial, ce sont des frères… – pour 500Bs les trois jours 2 nuits dans la selva (forêt ou jungle dans ce cas). Il faut rajouter à cela 110Bs de droit d’entrée au Parc National Madidi. Nous réservons dans la foulée nos billets retour à La Paz, en avion cette fois, avec la compagnie militaire TAM (470Bs, 1h de vol, moins chère que Amaszonas). Le reste de la journée sera consacrée à la lessive et à la découverte de la ville. Malgré son côté touristique Rurrenabaque garde un certain charme avec des airs de nonchalance, comme tous ces petits villages au bord de l’eau. Nous faisons un tour au marché du dimanche au bord du fleuve où l’animation bat son plein et les karaokés s’en donnent à cœur joie. Lors de notre balade, nous tombons sur la maison atypique de Fernando qui nous invite à la visiter. Ce personnage haut en couleurs nous explique toute l’histoire de sa demeure (encore en travaux), la sienne -il vient d’Australie-, et tout ce qu’il y a à savoir sur Rurrenabaque et ses environs ! Il nous raconte tellement de récits étonnants (il posséderait une mine d’or par exemple…) que nous avons du mal à discerner le vrai du faux, mais le conte nous plait. Nous passons un agréable moment en sa compagnie et profitons de la vue panoramique sur le fleuve Beni du haut de sa tour de contrôle. Ce soir, nous rentrons à l’hôtel Los Tucanes de Rurre (80Bs avec wifi et petit déjeuner) et préparons nos affaires pour notre expédition dans la jungle du lendemain.
Au bord du Beni…
L’Aventure dans la Jungle…
Nous sommes au rendez-vous à 8h30 à l’agence et embarquons sur la pirogue à moteur vers 9h. Nous faisons un arrêt au bureau du parc Madidi afin de s’acquitter du droit d’entrée. Puis suivent 2h de croisière sur le fleuve Beni puis Tuichi pour arriver au campement de l’agence. Nous profitons de ce moment paisible de navigation ; nous n’apercevrons que peu d’animaux mais les paysages sont magnifiques. Nous posons nos sacs dans un petit bungalow privé (la bonne surprise) et allons dévorer le délicieux déjeuner concocté par la cuisinière des lieux. Nous faisons connaissance avec le groupe éclectique (1 suédois, 2 israéliens, 1 allemande, 2 anglais, un italo-suisse et une française), nous sommes 10 divisés en deux groupes de 5 pour évoluer plus facilement dans la forêt. Dans l’après-midi nous sortons pour notre première marche dans la jungle. Nous observons des toucans, des singes jaunes et des singes capuccino, des cochons sauvages mais surtout des millions de moustiques ! Nous apprenons à l’occasion qu’ici il n’y a pas de paludisme. Lors de la balade le guide nous explique, entre autres, l’utilité des termitières pour soigner les piqures de raies (présentes au fond du fleuve voisin) et pour éloigner les moustiques. Il nous fait découvrir d’autres arbres et plantes médicinales et nous fera également un porte-bouteille à l’aide d’une liane en moins de deux minutes. Après le diner nous repartons pour un tour dans la selva, de nuit cette fois… La balade sera riche en émotions au fur et à mesure de nos découvertes qui vont crescendo. D’abord une petite grenouille. Puis un opossum qui nous fixe du haut d’un arbre, les yeux luisant sous nos frontales. Ensuite, un escargot géant (heu… si, ça peut faire flipper dans la nuit…). Vient après un criquet (géant lui aussi…) et une tarentule. Le meilleur pour la fin, nous tombons sur un cobra constrictor (énorme, pas la peine de préciser…) qui nous donnera quelques sueurs froides. En essayant de le retenir, le guide l’énerve et la bestiole se met à faire des bonds dans notre direction… « pas de danger, il n’est pas mortel… » nous précise t-il… Après toutes ces émotions nous rentrons dormir en sécurité sous nos moustiquaires.
Pour faire plaisir à Mum…
Après un gargantuesque petit déjeuner nous repartons pour un tour dans la jungle. Comme la veille, nous pisterons un troupeau de cochons sauvages que l’on repère facilement à leur odeur nauséabonde. Nous apercevrons quelques piafs : des perroquets, un « oiseau-léopard » et des sortes d’oies noires. Nous faisons également la connaissance des fameuses « fourmis 24 heures », ces énormes bestioles qui, lorsqu’elles mordent, condamnent leur victime à 24h de fièvre assurée, charmant ! Nous verrons quelques traces d’animaux sauvages : un tapir, un petit jaguar ou encore un tatou. Lors de la marche le guide nous montre où trouver de l’ail naturel ou de la cannelle dans de l’écorce, de la colle naturelle, un traitement contre le paludisme et un autre contre les problèmes digestifs. Il nous explique également comment obtenir des pigments bordeaux à l’aide d’une feuille verte particulière qui s’oxyde avec l’air lorsqu’on la broie. Il nous présente un arbre, nommé « asailli », dont on mange le cœur, on se sert des racines comme médicament, des feuilles pour la toiture des maisons et du reste du bois pour la charpente. Nous faisons une pause au bord d’un marais salé et mâchouillons une plante anesthésiante… L’effet est surprenant, nous avons la bouche engourdie et salivons pendant plusieurs minutes. L’aprèm c’est séance pêche aux piranhas ! La démo de notre expert de la jungle est plutôt probante puisqu’il n’a pas fini l’explication qu’un poisson pend déjà au bout de sa ligne ! Mais quand vient notre tour, c’est laborieux, seul l’anglais, Ricky, sauvera l’honneur du groupe en sortant un petit poisson-chat. Le soir, après le diner aux chandelles (encore grandiose), accompagné d’un bon vin chilien gentiment amené par le couple franco-suisse, nous jouons à des jeux de cartes internationaux. Une bonne partie de rigolade pour conclure cette belle journée.
Fourmi 24h… cuidado !
Pour aujourd’hui, le choix nous est donné de fabriquer des bijoux artisanaux à l’aide des produits de la nature ou de repartir dans la jungle. Comme nous ne sommes pas venus là pour enfiler des perles, nous retournons pour une expédition jusqu’à un point de vue. Ce ne sera pas de tout repos, malgré le beau temps de ces derniers jours, nous pataugeons dans la boue et passons par des endroits difficiles car peu fréquentés. Au passage, nous apprenons comment les indigènes « pêchaient » au curare -en lançant de la terre mélangée au poison, ils récupéraient les poissons en surface…- ; les poissons restaient comestibles à priori ! Le guide nous apprend à identifier les lianes remplies d’eau potable, au bon goût de coco, mais nous ne testerons pas car tout est protégé dans le parc (sauf les poissons apparemment…). Pendant de longues minutes, le guide imite en vain le bruit des singes araignées et de plein d’autres bestioles, bluffant de réalisme mais sans résultat ! Nous rentrons à Rurrenabaque par le même chemin (fluvial) qu’à l’aller. Nous marquons une halte à la falaise des perroquets rouges, mais n’en apercevrons que quelques uns, ils viennent plutôt en fin de journée. Vers 16h30 nous sommes de retour en ville où une bonne douche nous attend. Nous conseillons l’agence Amazonico – Fluvial tant pour la qualité de ses guides, des repas, des infrastructures et des promesses tenues.
Retour en pirogue.
Le lendemain, nous sommes au check-in à 7h aux bureaux de TAM. Nous prenons une navette pour 10Bs jusqu’à l’aéroport et nous acquittons de deux fois 7Bs de taxe d’aéroport et taxe touristique. Nous décollons enfin vers 9h pour un vol splendide au dessus de la jungle d’abord et de la Cordillère des Andes ensuite. Avant de descendre sur La Paz, nous contemplons même « notre » Huayna Potosi… toujours aussi beau ! Malheureusement les clichés sont bien pourris, les hublots du coucou militaire avaient déjà quelques décennies de service.
Brèves de voyage :
Nous : « Vous avez du poisson en plat du jour (almuerzo) ? »
La patronne : « oui, il y en a… »
5 minutes après, on nous sert des tripes…
Fernando : « Evo (Morales) c’est le premier indien à gouverner. Il y a moins de 30% de blancs dans le pays et donc plus de 70% d’indiens… C’est normal que ça marche mieux avec un indien aux commandes… »
Ricky l’anglais : « Moi j’ai mis 35h pour faire La Paz – Rurrenabaque… il paraît que j’ai eu de la chance, en saison des pluies on m’a dit qu’on peut mettre jusqu’à une semaine… »
Mathieu l’italo-suisse : « Chez nous en Suisse, pour le service militaire, c’est de la grosse blague : on se trimballe avec une radio plus grosse que le sac à dos alors que tout le monde a des radios aussi grosses qu’un portable. De toute façon, on a des fiches explicatives, mais on ne sait pas la faire fonctionner. Puis quand on doit faire des tirs d’entrainement soit il manque les armes, soit les balles… »