Dans l’Himalaya

Histoire de transport, encore…

Nous arrivons de Dharamsala à Manali un peu exténués et sous la pluie. Nous trouvons une guesthouse et après un court repos, repartons aussi sec à la recherche d’un moyen de locomotion pour nous rendre à Leh dans le Ladakh. A cette époque de l’année, une seule option s’offre à nous 18h de mini-bus au travers de l’Himalaya…

La route Manali – Leh :

La route est ouverte de mi-mai à mi-octobre et seulement 480km séparent
Manali à Leh. Oui mais voilà, nous sommes dans les contreforts de l’Himalaya et les autoroutes de montagnes ne sont pas encore prévues… Du coup, il faut passer par la 2ème plus haute route du monde. Il paraît que de cette route « on peut parler à Dieu »… Inutile de préciser que les paysages sont grandioses mais que ce n’est quand même pas une partie de plaisir.

Plusieurs possibilités, suivant la saison s’offrent aux touristes pour passer les cols :

  1. Les jeeps et les taxis : à partir de mi-mai. Ils font généralement le trajet en d’une seule traite et ont tendance à entasser les passagers. C’est sûrement le plus rapide, mais pas le moins cher…
  2. Les bus : à partir de mi-juin. La liaison est généralement assurée en deux jours. Ils s’arrêtent généralement à Keylong où les passagers peuvent passer la nuit en tente (installées à l’année). Les bus delux ont deux chauffeurs contrairement aux bus locaux. Ce n’est pas non plus le moyen le moins cher, mais le plus sécuritaire !
  3. Les minibus (11 places): à partir de début juin. Pour eux pas de temps à perdre, ils parcourent les 480km dans la journée. Départ à 2h arrivée vers 21h à Leh, c’est éprouvant et dangereux. C’est le même chauffeur qui conduit sur l’ensemble du parcours. C’est malgré tout ce que nous avons fait, car pas d’autre choix, et il faut compter environ 1900INR. Le prix varie en fonction de on ne sait trop quoi (il peut être indexé sur le coefficient de marrée ?!).

Il est 2h du mat’ et nous voilà donc partis dans un minibus local pour la région du Ladakh dans l’Etat du Jammu Kashmir. Bon point dès le départ, le chauffeur est plutôt ancien, nous lui pardonnons sa manie de conduire la fenêtre ouverte et de nous transformer en glaçon pendant la durée du voyage (certainement une technique pour ne pas s’endormir)! Du coup nous nous disons que s’il est toujours vivant, c’est qu’il a fait ses preuves… Dès le premier col qui culmine à près de 4000m nous réalisons mieux ce qui nous attend. La route se transforme rapidement en piste boueuse – il pleut depuis plusieurs jours ; c’est la pleine lune -, elle est très étroite et le précipice qui la borde est vertigineux ! Nous dépassons beaucoup de troupeaux de chèvres et de moutons qui partent pour les hauts pâturages. Nous passerons 6 cols dont voici les altitudes respectives : 3900m, 3800m, 4800m, 4700m, 5060m et pour finir en beauté le col de Tanglang La à 5400m. La route est souvent dangereuse mais toujours magnifique. Nous traversons une multitude de paysages différents : hautes cimes enneigées, plateaux arides voir même « lunaires », steppes balayées par le vent, gorges étroites, canyons, vallées verdoyantes… C’est de toute beauté ! Pleins de panneaux, pour la sécurité routière, humoristiques, voir philosophiques, parsèment le trajet. Voici quelques uns de nos préférés : « Driving when drinking whisky is risky », « Know AIDS, no AIDS », « Safety on roads, safe tea at home », « Nature of virgin Ladakh is the heart of God », etc.


« Route » (ou piste) Manali – Leh

A un moment, un passager du minibus s’endort à côté du chauffeur. Il tombe sur la portière qui ferme mal et est rattrapé de justesse par le vieux de derrière. Ca aurait du être une de nos place, mais nous avons changé pour être à côté l’un de l’autre… ouf ! Nous devenons comme une petite « famille » – nous sommes encore une fois les seuls étrangers au milieu des locaux – et sommes au centre de toutes les attentions : mamie nous donne des chewing-gums pour franchir les cols (surement pour les oreilles), d’autres nous apprennent quelques mots d’hindi etc. D’ailleurs mamie assurera notre voyage auprès des divinités locales, puisqu’au départ elle accrochera un foulard blanc à la grille d’un monastère et fera de même au passage du plus haut col !

Petit aparté pour les motards : nous avons croisés des dizaines et des dizaines de motards indiens qui « se promènent » dans ces montagnes. Quasiment tous enfourchent des Royal Enfield, probablement des 350cc. Les stations services n’étant pas très courantes dans les environs, ils se trimbalent leurs jerricanes d’essences en plus de leurs affaires. Il fait moins dix, le vent soulève le sable ou la neige, la piste est défoncée et comporte de nombreux passage à gué, ils n’ont pas de casque intégral… bravo les mecs ! Nous avons aussi vu un occidental se « balader » en vélo sur cette route…

Nous remarquons la présence d’énormément de monde au bord de la route. Ils ont l’air d’habiter de grandes tentes au bord de la piste et ont la peau très mate. Nous les voyons marcher avec des pioches, casser des cailloux avec des marteaux au milieu de nulle part… nous essayons de comprendre.

Du coup, c’est le moment du Jeu de la vraie/fausse question au public (nous connaissons la réponse, nous ! On est des futés !):

Qui sont ces gens, perdu à plus de 4000m d’altitude au bord de la 2ème plus haute route du monde ? Bon, pour vous aider, nous vous proposons un petit QCM :

  1. Des chercheurs de pierres précieuses
  2. Des refugiés pakistanais
  3. Des membres de la DDE locale
  4. Des membres de la famille Vikram qui a perdu les clés de la maison communautaire…

A tout cela, il faut ajouter un certain MAM qui vient s’inviter au voyage… Le MAM c’est le Mal Aigue des Montagnes. Ses symptômes : mal de tête, difficulté à réfléchir, étourdissements… bref tout pareil qu’un lendemain de cuite ! Nous le ressentons surtout à la fin du voyage, lors du passage à 5400m et il perdurera jusqu’au soir que nous nous couchions. Le paysage n’en est pas moins beau, mais seulement quand nous descendons de l’estafette pour prendre une photo nous mettons 10 minutes au lieu d’une !


Au col de Tanglang 5400m, frisquet !

Bref, cette route nous colle les miquettes, mais on en prend plein les mirettes !

The Mamas and the Stupas

Nous voilà donc arrivés à destination saints et saufs ! Notre contact à Leh s’appelle Sophie. Elle est mariée à un ladakhi, Tseong, et tiennent une Guesthouse où nous posons nos bagages vers 21h… Nous sommes accueillis par un apéro à la bière locale : la chang (orge fermenté pendant une dizaine de jours). Pas mauvais du tout mais le mélange fatigue + MAM + chang nous expédie assez rapidement au lit ! Nous sommes surpris à l’arrivée que toute la ville soit plongée dans le noir, ici les pannes d’électricités sont fréquentes et les ladakhis vivent avec (peu d’eau chaude dans les maisons, peu de frigos et autre matériel électrique).

Nous consacrons le lendemain à la visite toute en douceur de Leh, nous sommes à 3500m d’altitude, il faut que nous nous acclimatons à l’altitude. Leh est très militarisé, en témoignent les nombreux camps militaires aux alentours et les nombreux check points que nous avons passé sur la route où nous avons dû montrer nos passeports. Ici, on parle ladhaki, une langue très proche du tibétain tout comme la ressemblance de ces deux peuples. Le traditionnel Namaste est donc remplacé par Julley qui signifie : bonjour, merci, au revoir, salut… Nous avons vraiment l’impression d’avoir changé de pays, surtout lorsque nous entrons dans un magasin, nous ne sommes pas harcelés et la négociation n’existe pas ! De plus, il ne fait que pleuvoir et la température dépasse rarement les 10 degrés… Vous nous la copierez la saison sèche annoncée dans le Routard ! Le soir nous mangeons dans « notre maison » et faisons un peu plus connaissance avec nos hôtes et leur petite Lonicera.

Le jour suivant, malgré un léger mal de tête persistant, nous partons à la découverte des environs. Etant au pays des Gompas (monastère
bouddhiste) et des Stupas (sorte de grosse stèle, la plupart du temps blanche, sensée protéger le village), nous allons visiter le monastère qui surplombe Leh. De là nous avons une vue imprenable sur Leh : le sud fait penser à un désert, le nord est verdoyant et envahi de guesthouses. Après une pose momos que nous affectionnons tant, nous allons visiter la Shanti Stupa. Cet énorme Stupa, surplombant Leh, fut inauguré en 1985 par le Dalaï-lama. Il symbolise la paix dans le monde et l’alliance entre le Ladakh et le Japon.


Shanti Stupa

Nous finissons notre 3° jour d’acclimatation par la visite de Thiksé, un fabuleux monastère qui se trouve à environ 30 min en bus local de Leh (100INR par pers). Il est toujours habité par une centaine de moines et abrite un imposant Bouddha en argile de 12m de hauteur. Nous découvrons plusieurs salles toutes ornementées de fresques racontant la vie du Bouddha. Dans chacune d’entre elles nous sommes à chaque fois étonnés de voir la multitude d’offrandes en tous genres (biscuits, argent, bijoux, mais également des dizaines de bidons d’huile, pour faire du riz frit ?!, non, pour alimenter les lampes). Sur le retour, nous faisons un petit passage au Chokhang Vihara Temple, pour contempler son beau triple toit doré à la chinoise. Et nous croisons également le gars à vélo que nous avions doublé trois jours auparavant dans un col à 5000m d’altitude. Enfin, grâce à l’aide de Tséong, nous réservons notre trek pour le lendemain. Nous partirons donc pour la Markha Valley, une petite ballade de 7 jours dans l’Himalaya…


Gompa de Thiksé et un homme sage…

Commentaires

  1. Meg

    C’est vraiment un plaisir de voir toutes ces photos, les paysages sont grandioses !
    (Fifi, ne te convertis pas en moine, personne n’y croira de toute façon.. 😉 )

    Bisous à tout les 2 !

  2. MUM et P'PA

    Heureux de vous savoir de retour de votre trek en pleine forme et « vivants » !! Toutes ces photos sont vraiment magnifiques ; quelques une ressemblent à la « Casse déserte » du Col d’Izoard que nous venons de franchir en moto (bon d’accord 2400 m seulement !). Sinon pour la petite énigme nous avons la réponse : comme vous avez voulu faire un clin d’oeil à Bernard, ce sont bien sûr des membres de la DDE locale ……..! Gros bisous à tous les deux.

  3. papa/maman

    Contents de vous retrouver ! Remis de vos émotions ?
    Après cette expérience les routes du Vercors ou des Cévennes profondes seront pour vous des boulevards… A bientôt pour la suite (reposez-vous quand même).
    Bisous

  4. DUBOIS Ghislaine

    Bravo pour les commentaires, les photos, l’humour. On en prend plein les yeux. On sourit, on transpire, on frissonne, bref ! ! ! ! on voyage avec vous et c’est super.

    La maman de Caro

  5. les voisins de la combe

    C est vraiment tres interressant passionant de vous suivre un grand bravo a tous les deux bonne route bises

  6. MUM et P'PA

    Bonjour à vous Deux, très heureux de vous savoir de retour et surtout « bien vivants » car d’après les infos…..c’est un pays ou les transports laissent à désirer ! Photos et commentaires de toute beauté, rien à redire, que du bonheur de suivre vos aventures. Hier nous avons laissé un message sur le blog…mais BUG de la maison ? aujourd’hui il n’y a pas notre message ? Alors pour répondre à votre question et pour faire un clin d’oeil à Bernard : nous pensons que ce sont les membres de la DDE locale….
    Attendons de vous voir prochainement sur skype nous vous faisons de gros bisous.

    1. fifi

      Bravo! c’est la bonne réponse: vous êtes trop forts! Ce sont en général des népalais ou des biharis (région indienne du Bihar)… c’est impressionnant de les voir vivre au bord des routes, à casser des cailloux avec des marteaux… Zont pas l’même syndicat que la DDE française…

  7. gab

    Magnifique le récit et les photos , tu commence a touches en photo michou ça fait plaisir une photo a même finie sur mon fond d’écran 🙂

    en tous cas vous nous faites bien rêver avec tout ça j’attends avec impatience les photo et récit du trek

    la bise

    ps: kiki va bien ?

    1. fifi

      Kiki a la patate! Il a bien marché pendant le trek…

  8. rapounetX

    ah c’est sur la route, c’est pas l’A6!!! mais ceci au vue du resultat, ça vaut effectivement le coup, mais chapeau à tous les 2 de l’avoir tenté…
    c’est marrant moi j’aurais plutôt parié sur l’equipe de curling local en entrainement, mais bon vous êtes sur place, alors si tu me dis que c’est la DDE je vous fais confiance. mais se serait pas mal qu’on envoie nos gars la-bas pour une petite formation…hihihiiii
    gros bisous de tous les rapounetX en attendant la suite….

    1. fifi

      Curling? ça aurait pu… ils sont plus branchés criket dans l’coin…
      Et puis: encore félicitations pour le petit Rapounet!

  9. philippe

    Bravo et respect. Votre site est superbe. Les commentaires plein d’humour et très interressant, sans parler des photos. Quelques endroits que je connais et que j’ai eu plaisir à voir avec d’autres yeux. Merci beaucoup. Je bave d’envie. Que tout le panthéon des dieux indiens et boudhistes vous accompagne.

    1. fifi

      Merci Philippe pour les encouragements !! Content de faire voyager un peu du monde…
      Juste pour info comment as-tu découvert notre site?
      Merci, bon vent!
      Nous!

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